? Mathieu GUINEBERT
? Data Scientist
?? Docteur en EIAH
Mathieu GUINEBERT, Data Scientist chez F.initiatives et Docteur en Environnements Informatiques d’Apprentissage Humain (EIAH) nous parle de son parcours. Découvrez-le dès maintenant.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
Pendant mes années de collège, j’hésitais entre poursuivre vers un BTS cuisinier, ou vers une licence en mathématiques (dans le but de poursuivre jusqu’au doctorat). Je vous l’accorde, les deux n’avaient absolument rien à voir !
Etant assez doué à l’école, mes professeurs m’ont poussé à continuer vers l’Université, où j’ai débuté une double licence en Mathématiques et Informatique, à l’Université Paris-Est Créteil.
En troisième année, je me suis aperçu que je n’aimais plus autant les mathématiques qu’avant, ce qui s’est d’ailleurs traduit par l’échec de ma licence dans cette spécialité. En revanche, j’avais une appétence de plus en plus forte pour l’informatique.
Mon master en Intelligence Artificielle
Par la suite, en 2013, j’ai rejoint un Master en Intelligence Artificielle, intitulé ANDROIDE (Agents Distribués, Robotique, Recherche Opérationnelle, Interaction et Décision), à Sorbonne Université. Grâce à de bons résultats, j’ai décidé de tenter ma chance avec une thèse sur le même sujet que mon stage de dernière année : la simulation des conflits pendant la Première Guerre Mondiale, grâce aux systèmes multi-agents. Malheureusement, je n’ai pas obtenu de bourse ministérielle pour ce sujet.
Mon master traitait notamment de l’IA dans les jeux sérieux et les jeux vidéo et ces sujets m’intéressaient tout autant que les systèmes multi-agents sur lesquels j’avais d’abord jeté mon dévolu. Or l’équipe MOCAH du LIP6 (spécialisée dans les EIAH dont les jeux sérieux font partie) a obtenu à ce moment-là une chaire de professeur des universités s’accompagnant de deux financements de thèse. J’ai décroché l’un de ces financements pour poursuivre mes études dans le domaine des jeux sérieux. J’ai donc débuté ma thèse en 2015, sur le thème de la détection automatique des interactions entre les apprenants, dans les jeux sérieux multi-joueurs.
Pendant ma thèse, j’ai réalisé que deux choix professionnels s’offraient à moi : réaliser un PostDoc (malgré mon peu de publication et le nombre croissant de concurrents), ou trouver un emploi en CDI dans le privé.
C’est au mois d’août 2019 (un mois avant la fin de ma thèse) que mon Manager actuel m’a contacté via LinkedIn, dans l’optique d’ouvrir un laboratoire de recherche chez F.initiatives. J’ai vu cela comme le coup de chance que je cherchais, car ce poste me permettait de continuer à faire de la recherche en toute liberté (je peux faire des recherches sur les sujets de mon choix, du moment qu’ils ont un intérêt pour le groupe). J’ai donc rejoint F.initiatives fin 2019, comme Data Scientist.
Comment as-tu appréhendé le passage du monde public au monde privé ?
Mes recherches sont relativement libres, et je n’ai pas à chercher des financements pour les continuer. De plus, travailler en entreprise me permet d’avoir certains cadre (des heures plus ou moins fixes, des vacances, etc.).
En revanche, j’ai remarqué une principale différence dans les façons de faire entre la recherche privée et publique. Dans le privé, il faut être capable de montrer que tes recherches avancent. La création de prototypes et l’itération de la recherche sur ceux-ci y revêt une importance bien plus importante. Tu passes donc moins de temps à analyser et sur-analyser les modèles. Tu les expérimentes directement, puis tu les reprends si ça n’est pas concluant. Il faut avoir une vision analytique et atteindre des objectifs plus « court-termisme ».
Au contraire, dans la recherche publique les résultats peuvent davantage attendre (mais pas trop non plus ?), car celle-ci s’inscrit sur du plus long terme. Tu as tendance à passer plus de temps sur les modèles, mais également à passer plus de temps à récupérer des financements.
En quoi consiste ton activité au quotidien ?
Ma thèse portait sur les jeux sérieux dédiés à l’apprentissage. Les jeux sérieux sont des jeux-vidéos créés avec une intention sérieuse (comme former, sensibiliser, ou encore récolter des données) et non une intention de divertissement. L’idée est d’utiliser le jeu comme moteur motivationnel pour inciter les joueurs à davantage s’intéresser et s’impliquer dans les activités et sujets abordés. En gros, dans le cadre des jeux sérieux dédiés à l’apprentissage, cela consiste à utiliser les techniques et technologies informatiques et de les appliquer aux Sciences de l’Education et au reste des sciences humaines (psychologie, sciences cognitives, philosophie, etc.), afin d’aider à la formation.
La gamification d’outils et systèmes professionnels reposent sur le même concept : utiliser le jeu comme moteur motivationnel. Sans rentrer dans les détails académiques, nous pouvons faire une différenciation entre jeux sérieux et systèmes gamifiés dans le fait que les jeux sérieux sont nécessairement une simulation de la réalité (et n’a donc pas d’incidence sur les tâches du quotidien), là où les systèmes gamifiés servent à rendre plus amusantes des tâches qui doivent de toute manière être effectuée par l’utilisateur dans le cadre de ses activités.
Leur application chez F.initiatives
Même si les jeux sérieux (dédiés à l’apprentissage) et les systèmes gamifiés ont tous deux un aspect ludique, les premiers ont une visée pédagogique, alors que les seconds sont plutôt axés sur le professionnel. Chez F.initiatives, je me sers de ces deux approches complémentaires : mon projet est d’aider à identifier les compétences des collaborateurs et de les former sur certains aspects de leurs métiers à l’aide d’outils adaptatif.
Globalement, chaque système pédago-ludique (jeux sérieux et systèmes gamifiés, mais également formations ou encore quizz), produit des traces et données qui peuvent être analysées pour déterminer le niveau de compétence d’un utilisateur sur des sujets précis. Le but n’est pas de les évaluer, mais de mettre en lien leurs connaissances et leurs compétences, afin de leur proposer automatiquement des formations adaptées, mais également d’adapter automatiquement le contenu des formations et systèmes qu’ils emploient déjà. Ce procédé permet également de mettre en avant leurs évolutions.
As-tu des conseils pour les futurs docteurs ?
Faites des comptes-rendus réguliers ! Une fois par mois, notez les recherches menées, cela vous aidera à relire l’évolution de votre pensée lors de votre rédaction.
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