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? Souad ODEH

? Rédactrice scientifique IT

?‍? Docteur en sciences de l’information et de la communication

Le 9 février dernier, Souad a participé à un évènement privé organisé par l’Université de Lorraine qui avait pour but l’accompagnement des futurs docteurs dans la poursuite de leur carrière professionnelle.

Très engagée sur la question de l’intégration des chercheurs, et surtout des chercheurs en danger réfugiés en France, nous vous proposons de découvrir le portrait de Souad, une personne unique avec un parcours passionnant.

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

Je suis Syrienne, mais j’ai un parcours très éclectique, aussi bien sur le plan géographique que professionnel.

J’ai tout d’abord fait un doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication à Lyon, mais, une fois mon diplôme en poche en 2004, j’ai eu envie de retourner dans mon pays d’origine. J’ai donc travaillé à l’Université de Damas comme Maître de conférences jusqu’en 2012.

Ensuite, j’ai fait un crochet de quelques années comme enseignante universitaire en Irak, mais à cause des instabilités politiques dans ses deux pays, j’ai eu envie de revenir en France.

Par la suite, j’ai eu plusieurs activités successives comme chercheur en économie de l’information : au CNAM de Paris, à l’Institut d’études avancées-Collégium de Lyon et l’Université Claude Bernard, Lyon 1. J’ai ensuite repris mes études et j’ai suivi une formation en transformation numérique, où j’ai pu effectuer un stage en entreprise privée puis plusieurs stages au sein des archives municipales de la ville de Lyon.

C’est en janvier 2020 que ma carrière a pris un autre tournant : j’ai rejoint l’aventure F.initiatives comme Rédactrice Scientifique dans l’IT. Ce domaine est, en fait, proche de celui de l’Information et de la Communication.

F.initiatives m’a vraiment donné ma chance, car, malgré mes difficultés en français (qui se corrigent facilement), ils ont réussi à reconnaître mes qualités de chercheur. Ce que j’aime dans ce métier c’est la diversité de sujets à traiter dont certains abordent la technologie numérique dans une approche socio-économique intéressante à analyser.

Pourquoi avoir fait un doctorat ?

Au début, je suivais une formation pour devenir bibliothécaire. Le département de Sciences de l’information et des bibliothèques à l’université de Damas venait d’être créé et il n’y avait pas encore de professeurs pour tenir le département. La politique était alors d’embaucher les meilleurs étudiants (dont je faisais partie) pour être enseignants universitaires en leur offrant des bourses doctorales. J’ai donc été embauchée comme Maître Assistant et j’ai obtenu une bourse pour venir étudier en France.

J’ai connu quelques défis, comme celui de la langue. Mon université nous faisait suivre une formation en anglais, car leur but était de nous envoyer dans un pays anglophone. J’ai donc suivi une formation linguistique française de six mois seulement, mais cela a été insuffisant. Mon apprentissage de la langue française s’est donc fait tout au long de ma formation en France.

Qu’est-ce que le doctorat vous apporte dans vos fonctions quotidiennes ?

De l’autonomie et de la capacité d’analyse. En étant rédactrice scientifique, je dois me poser les bonnes questions sur le sujet de recherche du client pour identifier la problématique et analyser la littérature scientifique pertinente en lien avec cette problématique. Ce sont des compétences issues de ma formation doctorale.

Si tu pouvais décrire ton emploi en 3 mots, lesquels choisirais-tu ?

Curiosité, analyse, rédaction. C’est difficile de trouver seulement trois mots, stimulant aurait aussi pu faire partie de la liste !

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au webinar organisé par l’Université de Lorraine qui avait pour thème « Les carrières dans le conseil » ?

Ma motivation principale a été la volonté de sensibiliser les doctorants à leur future carrière. Ils doivent s’y intéresser au plus vite et ne pas oublier la possibilité d’évoluer dans le privé (en dehors du domaine de l’enseignement et de la recherche). Il y a énormément de possibilités d’utiliser ses compétences autrement : le consulting par exemple, offre de nombreuses possibilités.

Avez-vous des conseils pour les futurs docteurs ?

J’ai un conseil primordial : définissez votre projet professionnel dès vos premières années de doctorat. Vous l’affinerez ensuite petit à petit avec des formations. Et surtout, pensez aux possibilités offertes en dehors du monde académique.

Quel est ton scientifique préféré ?

J’admire tout particulièrement deux chercheurs en Sciences de l’information. : Jean-Michel SALAÜN qui est un des premiers chercheurs français à s’intéresser à l’économie de document et à la dynamique professionnelle du domaine des sciences de l’information, et à Anne-Marie CHABIN, chercheur et spécialiste en archivage numérique, un sujet qui intéresse à l’heure actuelle un nombre croissant d’acteurs de la vie économique et culturelle.

Avez-vous des conseils pour les étrangers qui viennent en France ?

Je leur donnerais le même conseil que pour les futurs docteurs, surtout pour ceux venant du Moyen-Orient. Avoir une carrière dans l’enseignement et la Recherche universitaire est difficile, il ne faut pas s’attendre à avoir un poste fixe en tant que maître de conférences avant cinq ou six ans. Explorez le monde des entreprises : c’est un monde ouvert et dynamique.

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